samedi 26 janvier 2013

LINCOLN de Steven Spielberg avec Daniel Day-Lewis

Un film réalisé par Steven Spielberg suscite toujours et partout dans le monde, une exceptionnelle attente de la part du public. Lincoln ne déroge pas à la règle. Pourtant nominé dans 12 catégories pour les Oscars, ayant cumulé 160 M$ de recette aux USA en 11 semaines d'exploitation (source BoxOffice USA), LINCOLN est un demi succès ou un demi échec. Pourquoi ?


Lincoln de Spielberg sur le Littéroscope de La Vie Est Belle Voyages
Lincoln de Spielberg sur le Littéroscope de La Vie Est Belle Voyages









































On lui reproche sa longueur. Sa trop longue introduction poussive. Son manque d'ambition. Annoncé comme un chef-d'oeuvre, ce biopic servi par une brochette d'acteurs émérites est l'adaptation par Tony Kushner de "Team of Rivals" de Doris Kearns Goodwin. 

Depuis 20 ans, Spielberg en rêve. 
Depuis 7 ans, il travaille dessus. 

Les images d'introduction nous jettent en pleine guerre… dans les vapeurs de poudre, dans la boue, dans la rage, les cris et la fureur. 

Suit une magnifique scène. Lincoln assis sur un banc posé sur une haute estrade, il est immense. Est-il vivant ou mort ? Est-ce une sculpture ? En ombre chinoise, dans le crépuscule d'une journée de guerre comme les autres, Lincoln, écoute avec attention deux soldats noirs et nordistes ! Le Président comme un père écoute et rassure, affligé d'envoyer d'aussi jeunes gens à la boucherie…

Ensuite, on pénètre une seconde phase du film. Celle des couloirs politiques. Celle, soporifique qui éloigne les spectateurs du film. Celle, pourtant indispensable, qui pose la situation politique du moment.

Il faut résister et atteindre la belle troisième partie du film. Celle où tout se joue. Celle où Madame Mary Todd Lincoln admoneste vertement Thaddeus Stevens. Un régal. Celle où pour gagner sa cause (abolir l'esclavage en jurant qu'il veut mettre fin à la guerre), Lincoln accepte de devenir un politicien politicard qui compose, paie, achète, ment…
Et arrive la sublime scène du vote du 13ème amendement que chaque spectacteur vivra en fonction de ses convictions personnelles. Les miennes étant celles d'Abraham Lincoln, j'étais scotchée sur mon siège, ne sachant trop si, historiquement, ce fut bien le 31 janvier 1865 que fut voté l'amendement. J'avais peur que ça ne passe pas !
Voir le visage éblouissant de fierté des candidat au non, finalement se prononcer pour un oui et ce faisant, comprendre dans un éclair le rôle essentiel qu'ils jouent pour le futur de leur nation… c'est magnifique.
La foule en liesse, les plans sur la bannière étoilée qui soudain prend tout son sens, cette unité créée ce jour-là et que nous lui envions encore aujourd'hui, toute cette grandeur de l'Amérique dont on rêve encore… tout cela est merveilleusement filmé et discrètement dit par un Steven Spielberg, fier de son pays, fier de sa nation, fier d'Abraham Lincoln… La légende !

Une légende incarnée par un Daniel Day Lewis au sommet de l'interprétation. En moins de 5 secondes, on se sent projeté dans le passé pour vivre l'aventure à ses côtés. Le visage de l'acteur est si proche de l'original, que je me demande comment il a réussi à sortir de ce rôle présidentiel. En campant avec brio ce seizième président des États-Unis d'Amérique, Daniel Day Lewis s'associe pour toujours à l'abolition de l'esclavage.

Un mot encore. Tommy Lee Jones au visage ravagé, au physique épuisé incarne Thaddeus Stevens. Un homme politique de premier plan, jouant double jeu, usant de sa puissance de conviction, pour atteindre - moment de grâce historique et cinématographique - son apogée dans les dernières secondes du film.

Alors voir ou pas voir Lincoln ? Je l'ai vu. Je le conseille…


Judith Lossmann


Lincoln de Steven Spieberg - En salles le 30 janvier 2013 - 

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