mercredi 15 janvier 2014

ONLY LOVERS LEFT ALIVE, un film de Jim Jarmusch


Si ce film ne devient pas le film culte de toute une lignée de désabusés romantiques, je veux bien devenir une vampire !
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.

Only Lovers Left Alive ne s’adresse pas à tous les publics. Il est trop spécial, intelligent, cultivé, esthétique, abouti et mystérieux pour cela. Il est parsemé de pépites miraculeuses, que seuls les initiés, pourront savourer dans des domaines culturels aussi vastes que variés. Les personnages, Adam et Éve, lâchent avec une profonde tristesse des informations sur ce que sera probablement notre proche demain qui porte en lui, les germes d’un chaos planétaire organisé par l’homme. Après la guerre du pétrole, celle de l’air, celle de l’eau…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Ils sont d’autant mieux informés que voici des siècles qu’ils observent depuis leurs cachettes les agissements des humains (les zombies selon Adam), leur pilonnage systématique du vivant et de la beauté, leur incroyable inculture, leur insensé irrespect, en un mot leur méconnaissance de la nature et du vrai. Mais surtout leur incroyable bêtise, celle qui leur fait croire qu’ils possèdent, avec la pauvreté de leur courte vie, le droit de tout détruire et de laisser le néant à leurs enfants.
Le retrait dans des cachettes quasi inviolables est le seul bouclier qu’Éve et Adam, un être profondément sensible, ont trouvé pour se protéger de l’affligeante crétinerie humaine…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Les premières scènes sont architecturées comme des tableaux de Maîtres, où l’emporte la beauté des choses et des êtres, laissant cependant flotter un subtil malaise dans cette vision, à leur insu, de deux êtres magnifiques dans leur lâcher prise. Quand Éve, au visage si pâle qu’il semble prêt à disparaître dans la nuit, s’élance dans les rues de Tanger presque déserte, on devine qu’il y a urgence. Celle de boire.

À Détroit, dans une vaste maison, pleine à exploser d’instruments de musique, de guitares mythiques, de 33 tours, de livres, de tapis, Adam, reçoit la visite d’un zombie, puis déguisé en médecin de bloc opératoire, sort dans la nuit. Lui aussi, a une urgence : boire…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Le film raconte l’histoire d’amour de ces deux êtres atypiques confrontés au danger qu’il y a  d’être vampires au 21ème siècle, siècle où l’on ne peut plus se contenter de mordre le cou d’un inconnu tant la garantie d’un sang pur, sain et non contaminé est devenu essentielle.

Only Lovers Left Alive est une métaphore éblouissante, un poème, un requiem pour la beauté, un film testament d’un monde définitivement éteint par les hommes eux-mêmes. Tout n’y est que grâce, raffinement, subtilité, fragilité. Mêmes les rues de Detroit, figées dans l’immobilité, l’absence et l’obscurité, deviennent des espaces-temps d’une grande beauté. Et je vous parle pas de la musique, ni de la perle musicale à la presque fin.

Par Dracula, que ce film est élégant !

Judith Lossmann
Exclusivement dans les salles de bon goût, le 19 février 2014

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça m'a donné...soif !


Anonyme a dit…

ça m'a donné ....soif !